Vite, vite, vite, tout doit changer vite

Aujourd’hui, grâce à la technologie, nous pouvons filmer en continu une banquise qui fond, la naissance et la croissance des oursons, le tissage raffiné d’une toile d’araignée et même une fleur qui pousse.

Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je trouve ça toujours impressionnant de voir ces images rapides et consécutives qui nous montrent en une fraction de seconde ce qui prend des années à se faire.

Aujourd’hui, on demande à nos enfants de s’habiller vite, vite, vite, aux adolescents de décider vite, vite, vite ce qu’ils veulent faire comme travail dans la vie, aux gens sur le marché du travail d’effectuer leurs tâches vite, vite, vite, et souvent avec moins de ressources. Est-ce que l’on peut faire vite, vite, vite l’épicerie, aller vite, vite, vite au cours de yoga?

Le va-vite collectif n’échappe malheureusement pas aux changements personnels et/ou professionnels. Nombreux sont les gens qui demandent ou espèrent des changements vite, vite, vite dans leur vie ou dans la vie de ceux et celles qui les entourent.

ATTENTION, LA VITESSE PEUT TUER!

Attention à l’entreprise qui croît trop rapidement pour ses capacités actuelles, à l’athlète qui essaie de concilier l’entrainement, les études et le travail, à l’enfant qui doit suivre une panoplie de cours pour donner aux parents la garantie qu’il est intelligent intellectuellement, aux retours trop rapides sur le marché du travail après un épuisement, au désir démesuré de réussite. Attention la vitesse peut tuer.

Permettez-moi de vous raconter une histoire, qui je l’espère, saura vous faire réfléchir et peut-être ralentir à une vitesse saine et raisonnable pour vous-même et les gens de votre entourage.

Un jeune couple désirait depuis plusieurs années avoir un enfant. Il fut béni et apprit qu’ils seraient bientôt parents. Déjà bien occupés par un quotidien hyper rempli, les deux nouveaux parents ont dû ralentir quelque peu pour faire place à ce trésor d’enfant qu’ils croyaient à jamais impossible. Les derniers mois de la grossesse ont effectivement été plus tranquilles comme d’ailleurs les trois premières années de vie de Zoé (nom fictif). Loyautés obligent, graduellement le couple a repris ses anciennes habitudes de vie vite, vite, vite. Vite on se lève, vite on déjeune ou au moins on fait déjeuner l’enfant, vite on s’habille, vite à la garderie, vite au travail, vite on grignote quelque chose pour diner sur le coin de la table. Vite on quitte en retard le travail, vite on arrive à la garderie et on paie le montant supplémentaire pour les retards, vite à la maison, vite on fait le souper, vite le bain, vite brosser les dents de l’enfant, vite au lit, vite on raconte une histoire, et ça seulement si l’enfant a été assez vite, vite, vite toute la journée pour mériter son histoire. Endors-toi vite, vite, vite parce que demain ça ira encore vite, vite, vite… Je t’aime vite, vite, vite. Vite on fait le ménage, vite on fait le lavage, vite on travaille un peu, vite on est brulé.

Un certain samedi, la famille décide d’aller vite, vite, vite, chez un marchand afin d’acheter un râteau pour mettre vite, vite, vite la cour impeccable et acheter tout ce qu’il manquait pour nettoyer vite, vite, vite la maison afin de recevoir des amis à souper. À la sortie du magasin, Zoé se dirige, dans un élan de plaisir, vers les balançoires en démonstration. À trois reprises, pressés par le temps, ses parents lui ont signifié d’arrêter de se balancer et de s’en venir immédiatement. L’enfant, très occupé à s’amuser, n’a pas tenu compte des demandes des parents jusqu’à ce que l’un d’eux lui dise « Si tu ne viens pas immédiatement, on part sans toi! » Pour un enfant de trois ans, cette menace fût prise au sérieux d’autant plus que les parents étaient déjà dans la voiture prêts à s’en aller. Zoé s’empressa de rejoindre ses parents vite, vite, vite en traversant la rue en courant. Simultanément, une voiture la frappa mortellement.

Je vous fais fi du reste de l’histoire. Cependant, LA VITESSE de la vie TUE prend ici tout son sens. Les parents, lors de l’enterrement de Zoé, ont souligné l’extrême douleur de la perte et aussi la grande leçon que Zoé leur a transmise : prendre le temps de vivre. Aujourd’hui, les parents de la petite ont arrêté d’aller vite, vite, vite mais leur jeune professeur n’est plus là pour le partager avec eux.

Souvenez-vous que l’amour de soi ou des autres est patience, compréhension, empathie, douceur, conscience, etc.

Que ce soit envers vous-même, votre entreprise ou ceux et celles qui vous entourent, apprenez à respecter votre rythme de croissance et celui des autres. C’est à travers votre propre rythme que les vrais changements personnels et/ou professionnels se produiront. C’est à travers votre propre rythme que vous toucherez au meilleur de vous-même, à votre plein potentiel. Certaines personnes iront plus vite tandis que d’autres iront moins vite. Évitez de vous comparer. La comparaison demeure truffée de pièges insidieux. En équipe, entre actionnaires, en couple, en famille, le rythme suggéré, dans la mesure du possible, est celui du moins rapide.

Puisse l’histoire de Zoé et de ses parents vous toucher suffisamment pour vous apprendre à ralentir…

Merci Zoé pour ton don de sagesse incroyable!

Publié sous: Non classé,Prendre le temps

Un commentaire

  • 1. Julie  |  20 mars 2013 @ 16:01

    Merci Luc pour cet article touchant et «éveillant».
    Étant en démarrage d’entreprise, je m’étais éloignée sans trop m’en rendre compte de cet amour de moi et des autres qui m’entourent. J’ai tendance à vouloir que les autres suivent mon rythme, que tout aille vite comme je le désire…dès que j’ai un moment de libre, je le remplis rapidement pour effectuer une tâche qui va rendre ma journée plus «efficace», plus «performante», de façon à atteindre mes objectifs!

    Merci de me le rappeler aujourd’hui, surtout avec cette histoire touchante qui m’ébranle…
    Je vais prendre maintenant plus de temps pour vivre!! 🙂